Par FRATERNITE

Comment concilier solidarité et transformation écologique

Le débat n’est pas un obstacle à la réforme ou une perte de temps : c’est l’assurance d’actions claires, efficaces, comprises et partagées.

Hausse des prix, mise à mal du pouvoir d’achat, crise de l’hôpital public, urgence écologique et sociale, guerre ukrainienne… Les enjeux sont nombreux et méritent tous une action urgente et immédiate.

Pour répondre à ces défis, une nouvelle coopération Etat- Corps Intermédiaires et État-collectivités locales est la priorité avec une nouvelle méthode claire, qui allie concertation et confiance dans l’action de ces interlocuteurs.

Il est urgent de définir un nouveau contrat social. Notre pays doit se mobiliser pour aller plus loin dans la transformation écologique dans les territoires et lutter contre toutes les formes d’exclusion et de précarité. Pouvoir d’achat, logement, accès aux soins et à la culture, alimentation… Cette transformation est systémique et impacte tous les secteurs d’activités comme la vie quotidienne de chacun d’entre nous. Les inégalités se creusent. L’urgence sociale est réelle et visible.

De plus, il y a urgence pour retrouver une crédibilité aux yeux de notre jeunesse et des 52 % de français qui se sont abstenus aux présidentielles et législatives, pourtant, deux élections majeures dans notre démocratie.

La crise sanitaire a révélé la capacité des acteurs publics et privés locaux à imaginer rapidement des solutions, en dépassant les modalités d’action traditionnelles et le strict respect des prérogatives de chacun. Pour faire face à de telles situations, crises sanitaire, climatique, économique et sociale, mais aussi à la crise de confiance dans l’action publique, il faut miser sur les solutions les plus adaptées à chaque situation locale, en mobilisant les acteurs les plus à même d’y répondre.

Faire simple et pratique pour le citoyen, alors même que les questions à résoudre sont complexes, nécessite un travail de coordination entre acteurs, publics et privés, mais également un état d’esprit basé sur la confiance qu’il s’agit d’installer sur la durée.

Dans ce même état d’esprit, la confiance entre l’Etat et les collectivités locales doit être une réalité et pas seulement des annonces. Ces dernières représentent 70% de l’investissement public et seulement 8% de la dette publique du pays. Il y a urgence que soient coordonnés les sujets de la politique de la ville, du logement, des transports, de l’aménagement et de la cohésion des territoires, avec comme feuille de route prioritaire la question écologique et les questions sociales.

Il faut faire revivre la promesse d’égalité républicaine sur l’ensemble du territoire (pouvoir vivre en sécurité, avoir accès aux soins, à la formation, à l’emploi, à un logement décent, à une alimentation saine et de qualité, à la culture, au numérique et aux loisirs…).

On le voit bien, nous sommes encore et toujours dans une logique de réparation et de gestion de crise plutôt que de prévention ; dans le pansement et pas dans le traitement de fond, qui peut guérir.

Pourtant, la France est exposée à des vagues de chaleur, de sécheresses, des inondations ou les submersions marines, auxquels il faut ajouter des tempêtes et des cyclones. Ces aléas, en se conjuguant, peuvent déboucher sur d’autres risques, comme les incendies, et ils entraînent des conséquences sur l’ensemble de secteurs : l’agriculture, la santé, l’éducation, etc.

Tous les territoires sont aujourd’hui concernés, à des degrés différents. Les deux tiers des Français sont déjà exposés au risque climatique, un sur quatre habite dans une zone inondable, plus de 10 millions de logements sont dans des zones soumises à des retraits-gonflements des argiles.

Face à de tels défis, il faut prendre des mesures immédiates pour repenser la gestion de crise, et en priorité renforcer les systèmes de santé, de secours, et les pompiers. Ensuite, seules des transformations structurelles permettront d’intégrer les vagues de chaleur à notre quotidien et les rendre supportables : lancer un vaste plan de rénovation thermique, qui intègre le confort d’été en priorité dans les bâtiments accueillant du public et pour les personnes fragiles.

Il faut une approche systémique des politiques publiques, les effets du changement climatique doivent être intégrés à tous les secteurs : logement, transports, agriculture, industrie, tourisme, eau… C’est également, redimensionner les systèmes d’indemnisation, qui sont insuffisants. Surtout, on ne peut pas se contenter d’indemniser au fur et à mesure, une fois les agriculteurs, une fois les acteurs du tourisme, etc. On va épuiser les finances publiques. Il faut une stratégie nationale et un portage politique fort.

D’autre part le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC) a le mérite d’exister, mais il n’est peut-être pas au niveau. Il ne contient pas d’objectifs chiffrés, d’indicateurs précis et des moyens. Il faut se doter d’une stratégie, l’intégrer à tous les ministères avec un pilotage interministériel et allouer bien plus de moyens financiers, humains, techniques et juridiques pour accompagner la transformation des territoires.

La nouvelle stratégie française énergie-climat, en cours d’élaboration, est une occasion à ne pas rater pour cette ambition renforcée. Mais, cette adaptation est aussi une question de justice sociale et ces vulnérabilités des populations sont exacerbées par les inégalités sociales : certaines familles se sont installées dans des zones inondables parce que c’était moins cher ; les quartiers populaires sont les plus affectés par les canicules parce que les logements sont souvent des passoires thermiques et leurs habitants ne peuvent pas partir. Cette dimension sociale est aujourd’hui le point noir des politiques d’adaptation.

On a besoin d’un Etat arbitre car tous les territoires n’ont pas les mêmes vulnérabilités ni les mêmes ressources (en termes d’eau, d’habitat, les mobilités, d’espaces naturels, etc.).

Il devra accompagner les gagnants et les perdants de cette adaptation. Tous concernés et tout le monde doit s’engager …

FRATERNITE

Le 11 juillet 2022