Par FRATERNITE

Ces deux dernières années et visiblement 2024 auront assurément été marquées au rouge pour les Français qui veulent acheter comme pour les acteurs du logement qui n’ont cessé d’alerter, de plus en plus fort, sur l’ampleur de la crise. Le gouvernement a fini par être attentif aux vrais problèmes et réagir.

Le logement ne peut se réduire à un bâtiment, un investissement, un produit financier car il est le garant d’une vie réussie, d’une sécurité pour le développement d’un foyer.
C’est d’abord la Première ministre qui a esquissé des pistes de réflexion notamment à la suite des travaux du CNR Logement comme dans les annonces du nouveau Premier Ministre.

Après la réflexion devrait maintenant venir l’action

Il aura donc fallu attendre d’être au bord du précipice social pour arrêter de nier la réalité de la crise du logement, du fort assèchement du marché du logement neuf, du tarissement du marché locatif, de la gageure de devenir locataire ou propriétaire, et des centaines de milliers d’emplois menacés dans le bâtiment.

Le danger est pourtant loin encore d’être écarté, tant que l’on n’aura pas répondu au besoin de construire 500 000 logements supplémentaires par an.

Comment certains peuvent-ils encore « baratiner » et dire que l’on doit construire à la marge, voire que l’on ne doit plus construire du tout, ou bien encore que le sujet est secondaire.

Ceux qui chipotent sur les chiffres et les besoins, et qui ressemblent aux gens qui mettaient en doute les conclusions du GIEC, se contentant de pinailler sur les degrés du réchauffement de la planète.

Ceux qui disent que c’est pire ailleurs en Europe.

Ceux qui considèrent que l’on a assez de logements. Qu’il suffit de rénover des friches en zones rurales pour y mettre tous ceux qui ne peuvent pas se loger en Grande Couronne. Ou qu’il suffit d’encadrer les locations touristiques.

Pire, ceux qui reconnaissent le besoin de logements, notamment sociaux mais ne font rien pour encourager leur production — voire l’entravent. Ceux-là mêmes, derrière les oripeaux humanistes dont ils se parent, semblent oublier que le logement ne se réduit pas à des questions de chiffres, de normes ou de réglementations, mais qu’il est la grande question sociale de notre société.

Mettre fin au déni exige des changements systémiques et un accroissement de l’offre de logements. D’autant que nous savons construire et rénover de façon vertueuse !

Alors par où commencer ?

À problèmes-chocs, réponses-chocs, dont certaines ont été apportées par la commission Rebsamen.

Il faut mettre en œuvre un choc de l’offre :

  • Rendre aux collectivités locales les moyens et la volonté de construire dans les territoires qui en ont besoin, ou bien encore en fléchant de la TVA vers les collectivités locales bâtisseuses,
  • L’État et ses antennes ne peuvent pas tout financer. Il faut stimuler l’épargne privée des Français pour qu’ils investissent dans le locatif avec un statut pérenne au bailleur privé et la possibilité d’amortir le bien,
  • Soutenir la demande, en améliorant les conditions d’accès au crédit immobilier, en mettant en place des prêts partiellement amortissables reposant sur le bien et non sur la personne, pour permettre aux ménages les plus fragiles d’accéder au logement puis dans la mesure du possible de devenir propriétaires. Car on sait qu’aujourd’hui, en raison de la hausse des taux, 68% des ménages sont contraints de repousser leur projet immobilier ou la rénovation de leur logement.

Si ces réformes ne sont pas menées maintenant, le prix à payer sera astronomique. Dans tous les cas, le problème se réglera à coups de dizaines de milliards d’euros. Et cette fois, nous devrons nous souvenir de ceux qui nous prenaient pour des Cassandre, refusant d’entendre le terrain, les élus, les professionnels, les experts… mais aussi les habitants, en première ligne de cette bombe sociale.

Il faut agir vite, des solutions existent, et il faut en faire une priorité politique

La bataille est à mener sur plusieurs fronts, à commencer sur le front culturel, en rappelant inlassablement que la construction de logements qui prennent en compte les exigences environnementales acceptables sont un socle indispensable pour l’unité de notre société et tous les progrès, sociaux et environnementaux, à venir.

En effet, on ne pourra pas relever les défis sociaux, écologiques et démocratiques qui sont devant nous sans passer par une réflexion sur les valeurs et les finalités qui doivent guider l’action publique et collective.

FRATERNITE

Le 18 mars 2024