Par CHRISTIAN QUEYROUX | ADMINISTRATEUR DU THINK TANK FRATERNITE |DIRECTEUR D'HÔPITAL HONORAIRE | ANCIEN SECRETAIRE GENERAL DE L'EHESP

Paramnésie

Cette impression de revivre un événement déjà survenu, l’avez-vous connu ?

Si ce n’est pas le cas vous pouvez regarder un film intitulé « Un jour sans fin » dans lequel Bill Murray interprète Phil Connors, un présentateur météo cynique et misanthrope chargé de couvrir le traditionnel jour de la marmotte à Punxsutawney, petite ville de Pennsylvanie, qui se retrouve bloqué dans une boucle temporelle le forçant à revivre indéfiniment cette journée.

A écouter Stanislas Guérini ministre de la transformation de la fonction publique nous parler de licenciements dans la fonction publique comme panacée pour tout changer, j’ai l’impression d’être moi aussi et mes collègues fonctionnaires avec moi, condamnés à assister éternellement à la sortie de la marmotte.

C’est à la fois irritant et consternant.

Irritant car à l’instar des « marronniers » que dégainent les journalistes en mal d’inspiration, une fois de plus à la manière des médecins de Molière qui ne savaient que purger et saigner, le ministre de la transformation de la fonction publique nous ressort une vieille antienne qu’au cours de mes près de 40 années de carrière j’ai déjà entendue ou lue à de nombreuses reprises.

Consternant car cela révèle un désert en matière de réflexion sur la fonction publique que les responsables tentent de masquer en désignant un bouc émissaire, le fonctionnaire indéboulonnable quoi qu’il advienne. Plus encore pourquoi maintenant ? Est-ce parce qu’il faut faire des économies ?

A voir un certain nombre de prestations de nos hommes politiques on en vient à se demander si ce n’est pas ChatGPT qui rédige leurs textes, alors peut-être pourrait-on, comme on commence à le faire pour la guerre des drones, remplacer les hommes par de l’I.A. dans une administration par des clones…

Sur le fond c’est encore plus dramatique car jamais le statut n’a empêché les révocations, bien au contraire, la procédure, si on fait le nécessaire pour la mettre en œuvre quand c’est justifié, est moins protectrice quant aux voies de recours que le Code du travail et les syndicats ne s’opposent pas systématiquement aux sanctions dès lors qu’elles sont fondées et proportionnées.

Il peut se faire en revanche que des autorités administratives s’autocensurent face à une résistance syndicale supposée et bien commode pour masquer leurs propres hésitations à faire ce qui doit être fait.

 

CHRISTIAN QUEYROUX | ADMINISTRATEUR DU THINK TANK FRATERNITE |DIRECTEUR D'HÔPITAL HONORAIRE | ANCIEN SECRETAIRE GENERAL DE L'EHESP

Le 17 avril 2024