Par DIDIER ARNAL | ANCIEN PRESIDENT DU CONSEIL DEPARTEMENTAL DU VAL D'OISE
Le logement est désormais identifié par tous les décideurs comme l’une des clés pour le pays, et l’offre partout dans les territoires est insuffisante, qu’on se tourne vers le locatif privé, les HLM ou l’accession à la propriété libre ou aidée.
Les ménages le ressentent douloureusement, et parmi eux les plus fragiles, ceux qui occupent un emploi précaire, les familles monoparentales, les étudiants, les jeunes actifs en mobilité comme les séniors.
La mise à l’arrêt du marché immobilier dans les années 2022-2025 avait pour cause la hausse des taux d’intérêt, mais elle a amplifié des tendances inégalitaires déjà à l’œuvre. Une fraction croissante des classes moyennes peine à accéder à la propriété, tandis que les pénuries s’accumulent dans le logement locatif, renforçant encore la pression sur de nombreux ménages en difficulté, pour lesquels le taux d’effort financier devient insoutenable.
Plus grave, notre modèle social est menacé, et où le manque de confiance dans l’action publique pour apporter des solutions alimente le discours populiste et xénophobe. Le logement est en effet au cœur des aspirations et des angoisses sociales qui travaillent notre société en profondeur ; la situation se dégrade depuis longtemps et alimente tantôt le sentiment d’abandon et la résignation, tantôt le ressentiment.
Le budget 2026 doit accentuer celui de 2025 et comporter des mesures fortes ; telles un prêt à taux zéro, l’exonération de droits de donation pour l’achat de logements neufs ou la rénovation énergétique de logements existants, une enveloppe pour MaPrimeRenov à bonne hauteur ou encore la réduction de la ponction sur les bailleurs sociaux au titre de la réduction du loyer de solidarité.
Pourtant, la France dispose de nombreux outils pour lutter contre le mal-logement, même s’ils ont été fragilisés par les gouvernements successifs : coupes budgétaires imposées aux organismes HLM, détricotage de la loi SRU, réorientation du soutien public vers les logements locatifs intermédiaires (LLI), relèvement des loyers dans les HLM très sociaux…. Le potentiel de ces mesures pour réduire le besoin de constructions en amont dépendra de nombreux facteurs et les arbitrages ne seront sans doute pas faciles ; toujours est-il que la nouvelle politique du logement doit s’efforcer d’intégrer ces enjeux.
Et le financement ? Nous avons besoin de financements publics renforcés pour préparer notre avenir collectif.
Le logement social en France avait été financé de façon quasi exclusive par des financeurs publics, la finance privée jugeant l’affaire trop risquée et pas assez rentable. Or, c’est l’inverse qui se produit actuellement, avec l’entrée en scène des investisseurs institutionnels dans le financement du locatif privé, et le risque accru que la recherche de rentabilité ne vienne encore augmenter le taux d’effort financier demandé aux ménages. La politique d’austérité pousse les bailleurs sociaux à chercher de nouvelles sources de financement, et les gestionnaires d’actifs deviennent les nouveaux acteurs de l’aménagement urbain.
Logement abordable, rénovation énergétique ont besoin de stabilité et de visibilité pour lutter contre les fractures sociales. Le cap doit être clair ; c’est une urgence sociale mais aussi démocratique.
DIDIER ARNAL | ANCIEN PRESIDENT DU CONSEIL DEPARTEMENTAL DU VAL D'OISE
Le 7 octobre 2025