De la vulnérabilité à la solidarité : l’alerte de la société civile

Au moment où l’indépendance du pouvoir judiciaire est gravement menacé par des adversaires de la République et de ses valeurs je vous signale une série d’articles dans Le Monde paraissant 7 jours de suite cette semaine (ce vendredi 4 avril 2025, ces articles sont numérotés 4/7) concernant la protection de l’enfance.

Ils confirment abondamment le fait que les défaillances majeures de pilotage et de gouvernance nationale de la protection de l’enfance sont amplifiées du fait des difficultés budgétaires des départements ; crise d’attractivité et de recrutement dans les « métiers de l’humain », et particulièrement des éducateurs spécialisés, salaires décourageants, conditions de travail éprouvantes, faiblesse de l’attention au déroulement de carrière, formation en attente de renouvellement, les personnels sont victimes de la faillite de cette politique publique transformée en angle mort.

Mais c’est aussi la partie la plus vulnérable de notre jeunesse qui est également victime de cette dangereuse dérive de la protection et de l’aide sociale à l’enfance ; et les jeunes migrants révèlent en plus, dans le traitement qui leur est parfois réservé, la tendance discriminatoire qui est mise en œuvre par certaines politiques départementales.

Le fait est que les jeunes relevant de la protection de l’enfance ne sont pas accueillis et protégés avec le même soin sur l’ensemble des territoires de la République. Il y a décidément bien loin de la vulnérabilité de ces jeunes à la solidarité de notre société, de ses institutions, de ses responsables politiques et de ses acteurs sociaux eux-mêmes fragilisés et si peu écoutés.

Ces articles du Monde, bien documentés, viennent confirmer en tous points mon rapport  « LES ENFANTS DE L’EXIL » (2020) consacré aux mineurs non accompagnés.

Hasard de calendrier ou convergence des réflexions avec mon texte intitulé « DE LA VULNÉRABILITÉ A LA SOLIDARITÉ » le 4 avril parait également dans Le Monde une tribune de deux médecins soucieux de philosophie, qui aboutit à cette conclusion en terme d’alerte :  » En ce moment historique où notre pouvoir technique est de plus en plus destructeur, dans un monde extrêmement fragilisé, l’enjeu aujourd’hui est d’élargir notre responsabilité à l’égard de la vulnérabilité des humains vers les autres vivants, tous vulnérables, et vis-à-vis des enfants qui ne sont pas encore nés […] la vulnérabilité est un appel à prendre soin de soi, des autres humains et non humains, et de notre monde commun, présent et à venir. » (Bruno Dallaporta – Faroudja Hocini).

Je continue de penser qu’il y a bien un chemin qui va de la vulnérabilité à la solidarité, et qu’il nous appartient de l’éclairer et de le parcourir. C’est aussi ce que je m’efforce de démontrer dans un texte à paraître « De la pauvreté à la solidarité, approche européenne ».